
Que serait le Luberon et surtout la Provence sans le magnifique accent chantant que nous connaissons ?
Dans cette vidéo, Odette Jouve, une pure provençale, sublime grâce à sa prononciation chantée "L'Accent", un superbe poème de la région. En 2010, Odette faisait partie des finalistes de la France a un incroyable talent, la célèbre émission de M6.
Cet accent vient du sud de la France, de la belle région de la Provence où il est très prononcé. Mais cet accent existe dans tout le bas de la France, de la mer Méditerranée à l'Océan Atlantique, de Nice à Bordeaux, en passant par Marseille, Perpignan. Regardez une carte de France. Il chante cet accent .
Le poème sur l'accent provençal :
De l'accent ! De l'accent ! Mais après tout en-ai-je?
Pourquoi cette faveur ? Pourquoi ce privilège ?
Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord,
Que c'est vous qui pour nous semblez l'avoir très fort...
Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde,
"Ces gens là n'ont pas le parler de tout le monde !"
Et que, tout dépendant de la façon de voir,
Ne pas avoir l'accent, pour nous, c'est en avoir...
Eh bien non ! Je blasphème, et je suis las de feindre !
Ceux qui n'ont pas d'accent, je ne puis que les plaindre !
Emporter de chez soi les accents familiers,
C'est emporter un peu sa terre à ses souliers !
Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne,
C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne !
Lorsque, loin du pays, le cœur gros, on s'enfuit,
L'accent ? Mais c'est un peu le pays qui vous suit !
C'est un peu, cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage !
C'est pour les malheureux à l'exil obligés,
Le patois qui déteint sur les mots étrangers !
Avoir l'accent enfin, c'est, chaque fois qu'on cause,
Parler de son pays en parlant d'autre chose !...
Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent !
Je veux qu'il soit sonore et clair, retentissant !
Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille,
En portant mon accent fièrement sur l'oreille !
Mon accent ? Il faudrait l'écouter à genoux...
Il nous fait emporter la Provence avec nous,
Et fait chanter sa voix dans tous mes bavardages,
Comme chante la mer au fond des coquillages !
Ecoutez ! En parlant, je plante le décor :
Du torride Midi dans les brumes du Nord !
Mon accent porte en soi d'adorables mélanges,
D'effluves d'orangers et de parfum d'oranges ;
Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris
De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,
Et le petit village où les treilles splendides
Éclaboussent de bleu les blancheurs des bastides !
Cet accent-là, mistral, cigale et tambourin,
A toutes mes chansons donne un même refrain ;
Et quand vous l'entendez chanter dans ma parole
Tous les mots que je dis dansent la farandole !
un poème de Miguel Zamacoïs (1866-1955) dans La Fleur Merveilleuse
Page mise à jour le 06/09/2023