La Provence attire depuis longtemps les artistes visuels. Les couleurs, les reliefs, la végétation leur sont autant de sources d'inspiration. Il suffit de penser aux innombrables « Montagnes Sainte Victoire » de Paul Cézanne. Puis les post impressionnistes et les fauves ont fait le pèlerinage au bord de la Méditerranée. Le Luberon, lui, plus sauvage, plus austère, a été découvert un peu plus tard par les artistes.
C'est peu de temps avant la deuxième guerre mondiale que le peintre André Lhote est l'un des premiers à découvrir le charme de la région, alors très touchée par l'exode rural. Il achète et restaure une maison à Gordes, village alors pratiquement abandonné. Durant la guerre, un certain nombre d'artistes passeront dans ces villages reculés où ils sont à l'abri. C'est le cas de Marc Chagall, mais aussi de bon nombre de jeunes artistes à Oppède et Roussillon.
En 1948, un groupe de peintres, réunis sous la houlette de la galerie parisienne Denise René, se retrouve à Gordes. Parmi eux, Jean Deyrolle, qui vécut à Gordes, où il repose, jusqu'en 1967, et Victor Vasarely. Ce dernier achète une maison dans le village et restaure le château afin d'y présenter ses œuvres. Elles y seront présentées jusqu'en 1996, avant que le musée ne ferme, pour rouvrir en 2014 au terme d'une longue procédure judiciaire. Après Victor Vasarely, c'est l'artiste belge Pol Mara qui sera exposé au château, de 1997 à 2012. Toujours après la guerre, les grands photographes Willy Ronis et Izis adoptent Gordes comme village de prédilection.
Gordes n'est pas le seul village remarquable à attirer les artistes : à l'été 1940 un groupe divers, architectes, élèves des Beaux Arts de Paris, musiciens se regroupent à Oppède, dans les ruines du vieux village.
Un peu plus tard, en 1952, sur les conseils du poète René Char, Nicolas de Staël s'installe à Lagnes dans une ancienne magnanerie. En 1953, il achète à Ménerbes le Castellet, perché sur le rocher. Il y produira une impressionnante série de paysages méditerranéens -plus de 200 tableaux et 300 dessins !
Depuis cette époque, peintres, sculpteurs, photographes, céramistes fréquentent assidument le Luberon. Ils y trouvent une nature préservée et une architecture traditionnelle simple et dépouillée qui les séduit immanquablement. Certains d'entre eux ouvrent, sur rendez-vous, leurs ateliers aux visiteurs (voir…). Une autre façon d'aborder les beautés du Luberon.